Fracas. Quelqu’un, apparemment, vient de tomber en voulant fuir la pièce. Non, une personne vient de faire un malaise. Les comédiens continuent. Un homme du public lance un appel à toute la salle : « Y a-t-il un médecin dans la salle ? » Je me souviens immédiatement du malaise pendant les « Naufragés du Fol Espoir » à la Cartoucherie de Vincennes. C’est un des acteurs qui saute de la scène pour sauver la personne avec un des pompiers de service sur place. Tout se fait de manière fluide et sans panique. La pièce ne s’est même pas interrompue. Je me souviens aussi du malaise pendant « Iliade » à la Manufacture au festival Off d’Avignon l’été dernier. Les yeux exorbités de la spectatrice transportée à l’extérieur, les comédiens qui arrêtent tout, l’annonce de Pauline Bayle comme quoi elle a été prise en charge, que la représentation va reprendre, une des comédiennes qui dit « On va peut-être prendre une minute pour nous remettre dedans, non ? ». J’ai revu une des comédiennes d’ « Iliade » un peu plus tôt dans l’année au théâtre de la Bastille. Moi qui ne suis pas très à l’aise quant à aborder les gens, cette anecdote fut très utile. Nous avions un souvenir commun.

Les comédiens sur scène ne jettent pas de coup d’oeil dans le public. Ils poursuivent leurs actions, comme au ralenti. La scène en cours se déroule chez un médecin. Les deux comédiens se regardent, attendent, restent dans leurs rôles.

Quand on y repense, on demande s’il y a un médecin dans la salle et personne ne bouge sur scène, alors qu’au moins trois acteurs interprètent des médecins. La metteure en  scène annonce la reprise du spectacle, que tout est sous contrôle. Les acteurs échangent un regard. Trois, deux, un…

 

(article publié précédemment ici : https://pasunecritique.wordpress.com/2017/03/26/486/)